Un succès insolent
Introduite en bourse en juillet dernier, l’action de la société Addoha, promoteur de logements économiques au Maroc, est passée de 585 dirhams à pas loin de 3000 dirhams aujourd’hui. Son PDG Anas Sefrioui est devenu l'une des plus grosses fortunes du Royaume.
Cette Entreprise, créée il y a à peine 5 ans pour bâtir des logements économiques est aujourd'hui la troisième capitalisation de la place boursière casablancaise, avec une rentabilité supérieure à 15% et un endettement proche de zéro. Un succès mondial se profile à l’horizon puisque les autorités de plusieurs pays africains dont l'Algérie, la Mauritanie et le Sénégal approchent ce groupe pour bénéficier de son expérience et de sa nouvelle notoriété.
Peut-on vraiment s'en réjouir ?
Des conditions ultra favorables
Examinons de plus près les conditions de cette réussite et plus généralement les conséquences possibles de ce phénomène.
Dans l'objectif stratégique de "Zéro bidonvilles au Maroc en 2012", l'Etat a suscité un vaste programme aidé de constructions, en prenant bien soin de parler de "Logements économiques" et non de "Logements sociaux", et en déclinant ainsi son action sur deux axes :
- Aider l'offre : En effet, il a été demandé aux Walis (Préfets) de faciliter aux promoteurs sélectionnés l'obtention de terrains et de présenter toutes les aides possibles pour leur viabilisation (routes, assainissement, éclairage public, transport, démarches administratives, etc.)
Les promoteurs sont exonérés de tout impôt sur le bénéfice et il leur est seulement demandé, de mettre sur le marché des appartements neufs de 60 m2 pour moins de 200000 Dirhams (*).
- Soutenir la demande : Un fond alimenté par une taxe sur chaque tonne de ciment vendue, a été créé pour favoriser l'accès au crédit des plus pauvres (et surtout ceux qui n'ont pas de revenus déclarés et qui ne peuvent présenter aucune garantie)
Du fait même que ce ne sont pas des logements sociaux, mais des logements économiques, aucune restriction ni condition de ressources des futurs candidats n'est imposée. Beaucoup de MRE d’ailleurs en ont profité pour acquérir un appartement au pays.
Un avenir incertain
La plus part des promoteurs qui ont profité de l'aubaine, ne construisent rien eux-mêmes. Ils tiennent seulement les deux bouts de la chaîne : concevoir le programme et mettre en place une armée de vendeurs pour le commercialiser. Tout ce qui est entre les deux est sous-traité, ce qui permet de tirer à fond les coûts, avec comme conséquence immédiate d'énormes problèmes de finition.
Des milliers d'appartements ont été livrés en 2007 et des milliers sont à livrer en 2008. Dans toutes les agglomérations du Maroc les immeubles poussent comme des champignons et les appartements économiques se vendent comme des petits pains.
Les conséquences écologiques de ce bétonnage intensif se font déjà sentir, et personne ne peut prédire les conséquences au niveau social, et urbanistique.
Espérons que le Gouvernement marocain saura accompagner cette pseudo réussite économique d’une politique de développement durable et que la société marocaine saura faire de ces nouveaux quartiers autre chose que des lieux d’exclusion de désintégration sociale et de violences urbaines comme dans les villes nouvelles et banlieues des métropoles occidentales.
(*) Ayant acheté moi-même un de ces logements pour le compte de mon neveu, j’ai pu constater que le promoteur contourne allègrement cette contrainte. En créant une société anonyme et une SARL qui commercialisent chacune un des deux lots constituant le package : murs nus appelés «appartement» sur le contrat, pour 200000 dirhams et finition pour 70000 dirhams. Bien sûr les deux lots ne sont pas vendus séparément.
Mardi 09/10/2007 à 23:55
Ce miracle économique ne profite apparemment qu’un seul promoteur Addoha pour les raisons que tu expliques (exonération d’impôts, terrain cédé à titre symbolique)… si Bien qu’un entrepreneur respecté de la place, miloud chaabi, a crié au scandale et à la concurrence déloyale.
Plus grave est justement ce bétonnage sans architecture réfléchie, sans âme parfois même sans espace vert. A croire qu’on est entrain de faire des « cités » à la françaises ! (je répète ce qu tu dis mais je pense exactement la même chose !).
Un autre exemple : A Khouribga il y avait un très beau jardin public, avec des espaces de jeux, de la verdure et des arbres. Un poumon de la ville . Il y a deux ans, le jardin a été cédé à un promoteur immobilier qui arraché les arbres et passer au karcher le jardin pour bâtir des immeubles à la place ! Le riverains ont beau protesté, le jardin a été rasé !
Mercredi 10/10/2007 à 05:03
C'est parce qu'ils prennent justement les gens pour des lapins. Dommage, une vraie catastrophe. Quand je pense que j'ai failli m'endetter et acheter un appartement .
le trou d'aiguille
Mercredi 10/10/2007 à 21:12
C'est généralement comme ça que les petits malins font leur trou.
Les exemples français, que Loula, Larbi et toi avez mentionnés viennent de la même lecture attentive des cahiers des charges édictés à l'époque pour les HLM et ce qu'on appelle désormais les "cités".
A la fin de la présidence de Gaulle, Pompidou premier ministre y alla carrrément, et n'améliora pas la donne quand il devint président.
Certains laissèreent entendre que les cimenteries de Paris obtenaient d'ailleurs très facilement les permis de construire.
Bien sûr, on n'imaginait pas alors quels problèmes sociaux en résulteraient (sans parler de produits matériels comme l'amiante), alors qu'aujourd'hui les autorités marocaines en ont une vague idée, d'autant que ce qui s'est passé en France s'est passé en Yougoslavie, en Allemagne de l'Est, en Angleterre, etc.
Non, on peut imaginer que l'entrepreneur que tu cites remplit au moins une fonction souhaitée par l'Etat: de la visibilité.
Jeudi 11/10/2007 à 12:47
Bienvenue chère Alice
au pays des merveilles..
zm dak lfom
Jeudi 11/10/2007 à 14:11
baraka mn l'wch a wld 3mi ; ghir daroha bik ; ordit dwira 9fyiz; wayni rah 39lk f 9fiyiz; o 3atiha lt9faz.
Re: zm dak lfom
Jeudi 11/10/2007 à 14:56
wallayèni kommentair a sahbi ..wa3er..
j'ai jamais su que les lapins pouvaient commenter..tbarkellah 3lik ou khlass..:)